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beaucoup la foi de ses néophytes, et en particulier celle d’un nommé Awachiche qui, ayant trois femmes auxquelles il était très attaché, en renvoya deux pour se conformer aux préceptes de l’Église, et cela avec une bonne volonté au-dessus de tout éloge.

M. Payment fut ordonné prêtre le 31 janvier 1841, et l’évêque de Québec le chargea de la mission de cette même année. Il devait faire d’abord la mission du Grand-Lac et celle du Lac-la-Truite, diocèse de Montréal, et de ce dernier endroit se rendre à Montachingue. Il avait pour compagnon M. Jean-Bte N. Olscamp, qui n’était encore que sous-diacre.

Au lac Labarrière les deux missionnaires durent se séparer, car la mission menaçant d’être longue, il fallait aller préparer les sauvages de Montachingue et surtout les empêcher de se disperser. M. Olscamp partit donc seul, le 16 juin, et ce n’est que le 6 juillet, après des peines et des difficultés incroyables, qu’il arriva enfin à Montachingue par la rivière Malavoine, ou mieux Manawane. Dès le lendemain il se rendit à Kikendache, où il y avait une chapelle (à moitié construite, il est vrai), afin de commencer les instructions ordinaires de la mission. Il fit le catéchisme pendant plus d’un mois, et alors seulement il vit arriver M. l’abbé Payment, son compagnon. Ce fut une grande joie pour les deux missionnaires de se trouver de nouveau réunis. M. Olscamp continua à faire le catéchisme « tandis que de mon côté, » dit M. Payment, « je travaillais à préparer les gens à la réception des sacrements de baptême et de mariage. Nous eûmes la consolation de voir qu’ils avaient bien profité des avis et instructions qu’ils avaient reçus du respectable M. Dumoulin. Aussi ai-je pu conférer le baptême à quinze adultes et faire six mariages. Le nombre des sauvages baptisés se monte maintenant à 110, en y comprenant les enfants. Les bonnes dispositions que montrent ceux qui ne le sont pas encore nous porte à croire que, dans peu d’années, tous seront chrétiens et consoleront l’Église par leur bonne conduite.