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de grand et d’imposant. J’ai assisté plusieurs fois aux processions de nos grandes villes, où les citoyens s’efforçaient, à l’envi, d’étaler tout ce que la richesse et le faste peuvent offrir d’éclatant ; cependant jamais elles ne m’ont fait éprouver les impressions qu’a produites sur moi la modeste et simple procession de Wémontachingue. »

Les deux missionnaires se rendirent ensuite à Kikendache, et y firent une mission de huit jours ; puis ils dépassèrent la hauteur des terres, et se rendirent à Mikiskame et même à Wacwanipi. Ils trouvèrent des nations qui n’avaient jamais vu le prêtre ; ils leur annoncèrent la bonne nouvelle du salut, furent reçus partout avec bonheur, et firent une ample moisson pour le ciel. Ils repartirent ensuite, confessèrent de nouveau les sauvages qui se trouvaient à Montachingue, et retournèrent alors aux Trois-Rivières, où ils arrivèrent le 24 juillet.

Le père Bourassa fit de nouveau la mission du St-Maurice en 1848. Avant de partir et immédiatement après son retour, il donna aux employés des Vieilles Forges Saint-Maurice deux retraites dont le souvenir n’est pas encore effacé ; nous en parlerons à nos lecteurs quand nous passerons aux Vieilles Forges, dans notre second voyage.

Le révérend père Bourassa partit donc le 2 juin 1848 pour se rendre à Wémontachingue. Les sauvages le reçurent bien avec les démonstrations ordinaires, cependant leur air embarrassé lui fit soupçonner qu’ils s’étaient rendus coupables de quelque faute. L’âme du sauvage est trop franche pour lui permettre de dissimuler. La famine régnait en ce moment au milieu d’eux : un poisson bouilli dans l’eau suffisait à une famille entière, heureuse encore celle qui le possédait. Le père envoya donc ces pauvres gens à la chasse. Il mit des ouvriers à l’œuvre pour construire la chapelle, et partit immédiatement pour faire la mission de Kikendache et celle des postes voisins. Ces missions lui donnèrent de grandes consolations spirituelles. Il revint alors à Montachingue, et trouva les travaux de