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visions de bouche, et partit en toute hâte. Comment exprimer les sentiments qu’éprouva M. l’abbé Chrétien, quand il vit une voiture sur la surface de son lac solitaire. Il se sentit renaître à la vie, et il se leva pour souhaiter de loin la bienvenue à son sauveur. M. Morel, de son côté, ressentit une grande joie en voyant que son ami était encore vivant, et ces deux hommes se trouvèrent remplis d’une émotion égale quand ils furent en face l’un de l’autre. M. l’abbé Chrétien prit immédiatement quelque nourriture, pour redonner un peu de chaleur à son corps engourdi par le froid. On se dirigea ensuite vers le chantier, où l’on put arriver à midi.

Le soir même, le zélé missionnaire commençait dans ce chantier l’une de ses plus fructueuses missions.

En 1884, Monseigneur Laflèche voulut, pour le bien des âmes et l’avancement de la colonisation, fonder la paroisse de Saint-Jacques des Piles. La pointe de la Madeleine, qui formait auparavant partie de Sainte-Flore, fut annexée à la nouvelle paroisse et un curé fut placé au village des Piles. Le premier, M. Beaudet fut appelé à occuper ce poste. Il se mit en pension chez M. Éphrem Desilets, et surveilla les travaux de la construction d’un presbytère. Il s’installa confortablement dans ce presbytère au bout de quelques mois.

Un curé ayant été nommé aux Piles, il était naturel qu’il eût la desserte des missions et des chantiers du Saint-Maurice. M. l’abbé Beaudet visita donc ces missions pour la première fois en 1884. Il marcha sur les traces de ses devanciers, et commença une carrière pleine des plus belles espérances. Mais sa visite de 1885 devait être la dernière. Il souffrait d’une dysenterie opiniâtre, et les longs voyages sur l’eau semblait empirer sa maladie. Mgr Laflèche le transféra à Sainte-Flore, et M. Télesphore Gravel fut appelé à la cure des Piles.

M. l’abbé Gravel est actuellement curé des Piles, et ne manquera pas de fournir une carrière féconde en fruits de salut. Il sait déjà tout son peuple par cœur,