Page:Caron - Deux voyages sur le Saint-Maurice, 1889.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 19 —

À la dernière messe, que nous disons à huit heures et demie, Monseigneur chante trois cantiques. Il chante d’abord :

Accourez, peuple fidèle,
Venez à la mission.

À l’Élévation il chante « Ô l’auguste Sacrement ; » et, à la fin de la messe, « Esprit-Saint, comblez nos vœux. »

Ce que Monseigneur a fait à la Mékinac, il l’a répété dans toutes les Missions ; et ces cantiques chantés d’une voix grave nous ont paru l’une des prédications les plus édifiantes que l’on puisse trouver.

M. Prince fit ensuite une instruction très vigoureuse et très bien pensée sur le péché de blasphème, Ce sujet semblait s’imposer au prédicateur, car le Saint-Maurice a entendu tant de blasphèmes ! Il faut bien dire cependant que les pires blasphémateurs n’étaient pas les résidents du Haut Saint-Maurice ; c’étaient des espèces de brutes qui montaient des villes ou des vieilles paroisses. Ils vidaient une bouteille avec des imprécations horribles sur le perron de la chapelle des Vieilles Forges, ils mettaient le bon Dieu en cache en passant aux Piles, et ils vivaient tout l’hiver comme des démons incarnés. Les habitants de la Mékinac ont bien pu prendre quelque chose de ces mauvais exemples qui leur ont été prodigués ; le sermon de M. Prince ne manquera pas de leur inspirer de l’horreur pour un vice aussi affreux et aussi déshonorant que le blasphème.

Après le sermon, Monseigneur donna la confirmation à 14 personnes, et 50 personnes avaient reçu la communion aux différentes messes. Sa Grandeur entretint les nouveaux confirmés sur l’action du Saint-Esprit et sur les rapports des esprits bons ou mauvais avec nous ; et à la fin, elle donna de nouveau la bénédiction solennelle.

C’était la fin de la partie officielle de la visite, mais Monseigneur avait encore quelque chose d’important à faire. Il envoya le peuple se reposer, et il avertit les hommes de revenir au bout d’une demi-