plus ordinaire est un petit trémoussement qui se rend sensible lorsque l’on est hors du bruit et en repos. Selon le rapport de plusieurs de nos Français et de nos Sauvages, témoins oculaires, bien avant dans notre fleuve des Trois-Rivières, à cinq ou six lieues d’ici[1], les côtes qui bordent la rivière de part et d’autre, et qui étaient d’une prodigieuse hauteur, sont aplanies, ayant été enlevées de dessus leurs fondements, et déracinées jusqu’au niveau de l’eau : ces deux montagnes, avec toutes leurs forêts, ayant été ainsi renversées dans la rivière, y formèrent une puissante digue, qui obligea ce fleuve à changer de lit, et à se répandre sur de grandes plaines nouvellement découvertes, minant néanmoins toutes ces terres éboulées, et les démêlant petit à petit avec les eaux de la rivière, qui en sont encore si épaisses et si troubles, qu’elles font changer de couleur à tout le grand fleuve de Saint-Laurent. Jugez combien il faut de terre tous les jours pour continuer depuis près de trois mois à rouler ses eaux, toujours pleines de fange.
« L’on voit de nouveaux lacs où il n’y en eut jamais ; on ne voit plus certaines montagnes qui sont engouffrées ; plusieurs sauts sont aplanis ; plusieurs rivières ne paraissent plus ; la terre s’est fendue en bien des endroits, et a ouvert des précipices dont on ne trouve point le fond ; enfin il s’est fait une telle confusion de bois renversés et abîmés, qu’on voit à présent des campagnes de plus de mille arpents toutes rases, et comme si elles étaient tout fraichement labourées, là où peu auparavant il n’y avait que des forêts. »
Une lettre du même temps, écrite aux Trois-Rivières, nous dit : « À cinq ou six lieues dans le fleuve des Trois-Rivières, les côtes de part et d’autre de la rivière, quatre fois plus hautes que celles d’ici[2], ont été enlevées de leurs fondements, déracinées jusqu’au niveau de l’eau, dans l’étendue d’environ deux lieues