plus remarquable que celle de Chawinigane. Il y avait de plus, dans le voisinage, trois montagnes d’une grande hauteur, qui rendaient le portage extrêmement difficile ; et, au tremble terre de 1663, les montagnes ont été déracinées et la cataracte a été aplanie. Comme souvenir de la merveille de l’ancien temps, Dieu nous a laissé le petit rapide des Grès.
« Figurons-nous, ajoute M. Benjamin Sulte, la chute des Grès très élevée. La rivière s’en trouverait bouchée, et le niveau de l’eau en amont exhaussé d’autant, à cause des rivages qui l’encaissent. Voilà comment cette baie de Shawinigan, si agréable par son encadrement, a l’air d’être à sec : il fut un temps où ses eaux se maintenaient à cinquante et peut-être cent pieds au-dessus du niveau actuel, diminuant en proportion (remarquons-le) le saut aujourd’hui si terrible de la grande chute de ce nom. » (Le Bas Saint-Maurice, Rev. Canad. de 1875, p. 137).
C’est bien agréable de s’occuper ainsi des choses passées, cependant ne nous attardons pas davantage. Nous sommes à la Gabelle, n’est-ce pas ? Cette petite chute se nommait anciennement saut de la Vérendrye, en l’honneur du découvreur des Montagnes Rocheuses. « C’est, dit M. Benjamin Sulte, un rapide séparé par un gros rocher, qui forme le « Fer-à-cheval, » côté Est, et la chute des « Iroquois, » côté Ouest, ou plus récemment la chute des « Américains, » parce que de naïfs Yankees ayant entrepris de franchir ce gouffre, qui a bien dix-huit pieds, n’en sont pas revenus[1]. En aval, la rivière est étroite ; à l’eau basse elle n’a pas plus de soixante à quatre-vingt pieds. »
Mais d’où vient ce nom de Gabelle qui est déjà revenu plusieurs fois sous notre plume ?
Le mot Gabelle a trois significations : 1o Impôt sur le sel. 2o Grenier où se vendait le sel. 3o Tout impôt sur les denrées et les produits de l’industrie.
Les deux premières significations ne servent guère
- ↑ Le même tour était arrivé à des Iroquois qui ne connaissaient pas le St-Maurice, de là le premier nom de cette chute.