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et fit rapport qu’elles n’offraient rien d’avantageux ni en qualité ni en quantité. Ce rapport est loin de faire honneur à M. de la Potardière, car le minérai se rencontrait en abondance, presque à fleur de terre, dans le fief Saint-Maurice. « Le sol est jaune et sablonneux, » dit l’histoire des Ursulines des Trois-Rivières, « coupé de savanes et de cours d’eau. Il suffit de lever le gazon pour rencontrer le minérai, en grains ou en galets, de couleur bleuâtre. Un simple lavage le débarrasse des matières terreuses qui y adhèrent, et il est prêt pour la fonte »[1]. Néanmoins, le rapport dont nous parlons venant d’un homme regardé alors comme un savant, retarda de plusieurs années l’exploitation de nos incomparables mines du district des Trois-Rivières.

La valeur de ces mines s’imposait à l’attention des hommes réfléchis. Malgré l’appréciation si désavantageuse de M. de la Potardière, nous voyons qu’en 1672 M. de Frontenac continuait à les regarder comme très importantes. Le marquis de Denonville écrit en 1681 pour signaler l’avantage de nos minérais de fer. Il insiste en 1686 : Les mines sont abondantes, dit-il, et il y a un bon courant d’eau. Il fait plus, il envoie des échantillons pour prouver qu’elles sont d’excellente qualité. On ne perdait donc pas de vue cette source de richesse pour notre pays.

En 1676, la seigneurie de Saint-Maurice est concédée à Dame Jeanne Jalope[2] épouse de Maurice Poulin sieur de La Fontaine, procureur du roi aux Trois-Rivières. Voici le titre de cette concession :

Jacques Duchesnau, chevalier, seigneur de la Doussinière et Dambrault, conseiller du roi en ses conseils d’estat et privé, intendant de la justice, police et finances du Canada, Acadie, Isle

  1. On attribue ici, à la suite de M. Laterrière, la couleur bleuâtre au minérai du fief Saint-Maurice, cela nous surprend un peu, car le minérai que nous avons vu employer aux Vieilles-Forges était toujours du fer limoneux, c-à-d. de couleur rouge plus ou moins foncée. Voudrait-on désigner ici le fer oligiste, qui est gris d’acier avec poussière noir-rougeâtre ?
  2. Jeanne Jallaut, d’après l’abbé Tanguay ; Jeanne Jeannot d’après les régistres des Trois-Rivières. Il y a encore des Jeannot parmi nous, mais Jallaut ou Jalope est un nom tout à fait inconnu.