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en 1771 donna tant de satisfaction à la Compagnie, que M. Pélissier le fit venir comme inspecteur des Forges en 1775. Le nouvel inspecteur avait 125 livres de salaire, il était logé, nourri et éclairé, et prenait un neuvième du bénéfice total.

Dans des Mémoires qui nous sont parvenus, M. Laterrière donne de nouveaux et intéressants détails sur les Forges telles qu’elles étaient tenues alors. « On n’y chauffe, dit-il, les fourneaux et les affineries qu’avec du charbon de bois qu’il faut choisir : pour les fourneaux, on ne fait usage que de charbon de bois dur et franc, et pour les affineries que de charbon de bois mou, comme la pruche, le tremble,  etc.

« Une telle exploitation nécessitait l’emploi de 400 à 800 personnes tant dans l’atelier que dans les bois, les carrières, les mines, et pour les charrois : 6 hommes attachés au fourneau, 2 arqueurs de charbon, 1 fondeur, 8 mouleurs et autant de servants, 6 hommes à chaque chaufferie, 2 arqueurs, 4 charrons, 4 menuisiers, 16 journaliers, 8 bateliers, 4 chercheurs de mine, 40 charretiers, et les autres employés aux ventes, charbons, dressages, ou comme mineurs, charbonniers, faiseurs de chemins, garde-feux, 8 au moulin à scier,  etc.,  etc. Pour le soutien de tout ce monde, on possédait un magasin de marchandises et de provisions.

« Le directeur avait la vue sur tout, l’inspecteur pareillement ; celui-ci était obligé de passer de demi-heure en demi-heure à tous les chantiers pour voir si tout y était dans l’ordre, et ordonner ce qui était nécessaire ; les remarques qu’il faisait étaient journalisées au jour et à la minute, et le teneur de livres les enrégistrait dans chacun des comptes qui étaient réglés tous les mois.

« Le fourneau produisait un profit de 50 louis par jour, chaque chaufferie 50 louis par semaine, la moulerie 50 louis par coulage, — en somme de 10 à 15 mille louis par campagne de 7 mois ; les frais en emportaient les deux tiers ; c’était donc le tiers net que les intéressés avaient annuellement à partager. »