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VII
La voiture des voyageures
C’est un chaland,
À partire depuis les Piles,
Post’ bien plus haut.
Quand on est rendu à la Tuque,
Post’ bien connu,
Les barg’s ensuit’sont nos voitures
Ou les canots.


Un peu plus loin que la pointe à Château on découvre la pointe à Doré. Pour donner l’origine de ce nom, il faut recourir à la légende sauvage. Les Sauvages donc virent en cet endroit un doré d’une grandeur prodigieuse ; c’était le grand serpent de mer du Saint-Maurice ; il avait les yeux de la grosseur d’une tonne, et pendant que sa tête touchait l’une des rives du Saint-Maurice, sa queue dérangeait les cailloux de la rive opposée. Le prodigieux doré s’enfonça ensuite mystérieusement sous le rocher.

Mon cher lecteur, vous ferez de cette légende ce que bon vous semblera, mais il faut bien laisser à la pointe de terre dont nous parlons son joli nom de pointe à Doré.

En approchant du rapide Manigonse, le canotier ne manquera pas de vous montrer, avec une émotion visible, le lieu où périt Théodore Olscamp, frère de l’ancien curé de Saint-Stanislas, avec sa femme et son enfant. M. Olscamp était l’homme le plus aimé et le plus respecté de tout le Saint-Maurice. C’était un père pour tous ceux qui voyageaient dans ces endroits éloignés, mais un père plein de foi et de religion. M. Xavier Normandin, le poète populaire de la Rivière-aux-Rats, résidant aujourd’hui à Saint-Maurice, a composé sur la mort de M. Olscamp une complainte que nous croyons devoir mettre sous les yeux de nos lecteurs.

I
Écoute, chrétien, la triste complainte ;
Que tout l’genre humain entende la plainte,
De sept enfants affligés
Qui virent leurs parents noyés.