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Page:Caron - Deux voyages sur le Saint-Maurice, 1889.djvu/270

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manière partager cette admiration : les emprisonnements arbitraires dont ce gouverneur se rendit coupable, nous paraissent des actes d’une ignoble et intolérable tyrannie.

M. Dumas garda les Forges jusqu’en 1783, mais il n’en retira pas le profit qu’il pouvait en attendre, et cela grâce à l’intervention tyrannique du gouverneur Haldimand.

Le 9 juin de cette année 1783, les Forges furent cédées à M. Conrad Gugy pour l’espace de 16 ans, à raison d’une rente de 18 louis 15 shellings sterlings par an. M. Conrad Gugy était un suisse protestant, or depuis la conquête les suisses protestants étaient les hommes de la situation, les préférés du pouvoir. Il continua d’abord les opérations avec assez de succès, mais au commencement de l’année 1787 il tomba dans de grands embarras financiers, et le 10 mars toutes ses propriétés et même son contrat avec la Couronne furent vendus par ordre du shérif Gray de Montréal.

Le contrat des Forges fut adjugé à Mess. Alexandre Davison et John Lees pour la somme de 2300 louis courant. Cependant M. John Lees jugea à propos de se retirer, et M. Davison alors resta seul propriétaire du bail.

Le 6 juin 1793, M. Alexandre Davison vendit ses droits et titres à Mess. George Davison, David Munro et Mathieu Bell pour la somme de 1500 louis courant. C’était un prix fort élevé, surtout si l’on considère le peu de temps qui restait pour se rendre jusqu’à l’expiration du bail. Heureusement pour la Compagnie, le 20 mars 1799, à la recommandation du gouverneur Prescott, le bail fut prolongé jusqu’au 1er avril 1801, toujours aux mêmes conditions.

À l’expiration de ce délai, les choses changèrent de face, et la Couronne parut vouloir retirer de sa propriété le revenu qu’elle avait droit d’en attendre : par une proclamation, en effet, le gouverneur Sir Robert Shore Milne loua les Forges à Mess. Munro et Bell pour 5 ans, à raison de 850 louis par année. De 18 à 850 louis, c’est un saut qui en vaut la peine.