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Page:Caron - Deux voyages sur le Saint-Maurice, 1889.djvu/269

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Cependant M. Laterrière prépara la campagne de 1777, et arriva à un succès complet. Les Forges étaient décidément alors l’industrie la plus payante et la plus prospère de tout le Canada, aussi c’était celle qui attirait le plus l’attention. M. Pélissier ayant quitté le Canada et étant sorti de la Compagnie d’une manière définitive, M. Alexandre Dumas n’hésita pas un instant à racheter le bail qui n’expirait qu’en 1783 et à se mettre lui-même à la tête de l’entreprise.

Quant à M. Laterrière, il quitta son emploi qu’il aimait beaucoup, et se retira dans une île qu’il avait achetée à l’embouchure de la rivière Bécancour.

On était à peine au milieu de la campagne de 1778, que M. Dumas regrettait amèrement l’absence d’un homme qui avait donné tant de prospérité aux Forges Saint-Maurice. Ne connaissant absolument rien dans l’exploitation du minérai de fer, il se trouvait incapable de diriger les opérations d’une manière compétente. Alors il fit tant d’instance auprès de M. Laterrière qu’il le décida enfin à acheter la moitié des Forges pour la somme de 2000 louis. M. Laterrière fit le marché, mais à la condition formelle qu’il irait lui-même diriger la campagne de 1779. Il comptait sans le gouverneur Haldimand qui ne l’avait pas perdu de vue, et voulait remplir la promesse faite à M. Pélissier.

Un jour donc que M. Laterrière était aux Trois-Rivières, il fut tout-à-coup arrêté par ordre du Gouverneur : il était prisonnier d’état. Il alla languir pendant plusieurs années dans la prison de Québec, demandant toujours son procès et ne l’obtenant jamais. À la fin on lui permit de s’échapper, mais sans lui faire savoir pourquoi il avait été retenu si longtemps en prison. Il alla contempler le beau soleil et respirer l’air de la liberté dans l’île de Terreneuve. Plus tard il revint au Canada, mais il ne reprit jamais ses fonctions aux Forges Saint-Maurice.

Il y a des auteurs canadiens qui admirent la mansuétude du gouverneur Haldimand, disant qu’il n’a pas voulu répandre le sang. Nous ne pouvons en aucune