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piter, on prolongea le bail de M. Bell d’un an ; mais il fut bien entendu qu’ensuite la Couronne vendrait les forges et les deux fiefs de Saint-Maurice et de Saint-Étienne au plus haut enchérisseur. Pour mieux préparer les esprits à ce changement important, M. D. B. Papineau, commissaire des terres de la Couronne, publia, le 20 novembre 1845, un rapport bien élaboré dans lequel il établissait les désavantages du système suivi jusqu’alors ; il terminait son écrit en recommandant de concéder les terres selon la tenure en franc aleu roturier, et à rentes foncières rachetables dans des conditions déterminées. Ce rapport avait été présenté par ordre de Lord Metcalfe ; les conclusions en furent admises par le Conseil Exécutif, et le 19 décembre on donna avis que les Forges seraient vendues à l’enchère le 4 août 1846, à 11 heures de l’avant-midi, au palais de justice des Trois-Rivières. Elles furent vendues à M. Henry Stuart pour la somme de 5,575 louis. M. Stuart voulant acheter aussi les fiefs de Saint-Étienne et de Saint-Maurice, le commissaire des terres de la Couronne fit un rapport dans lequel il recommandait de les lui céder pour 4,500 louis ; mais en vertu d’un ordre en conseil, ils furent mis à l’enchère comme les forges, et M. Stuart les acheta, le 3 novembre, pour la somme de 5,900 louis courant

Monsieur Henry Stuart commença les opérations avec vigueur : il se procura des machines perfectionnées, répara la Grande Maison, augmenta le nombre des ouvriers, et le village prit une vie toute nouvelle. Cependant un mécompte faillit alors avoir un résultat fatal à l’entreprise : suivant avec trop de confiance les plans d’un ingénieur français, M. Henry Stuart dépensa des sommes considérables pour l’exécution de nouveaux ouvrages, et à peine ces ouvrages étaient-ils terminés qu’ils furent reconnus tout-à-fait inutiles. Il n’eut plus dès lors les mêmes espérances d’avenir ni le même enthousiasme, et en 1847, il louait les Forges à M. James Ferrier de Montréal. Ce monsieur conduisit les affaires pendant quatre ans avec beaucoup de soin et d’intelligence, et il réalisa de beaux profits. Ce