Page:Caron - Deux voyages sur le Saint-Maurice, 1889.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 28 —

âgé de neuf jours. C’est le frère Siméon Dupont, récollet, qui fait le baptême. Plus de cent ans après, Pierre Manigonse vient à son tour réclamer les services du prêtre pour un de ses enfants. Voici l’acte de baptême, tel qu’il se lit aux registres : « Le premier février mil huit cent trente-sept, nous prêtre curé soussigné avons baptisé Pierre Paul, né depuis six jours, du légitime mariage de Pierre Menahigonse algonquin et de Marie Anawenwet de cette paroisse. Le parrain a été Louis Anawenwet et la marraine Ursule Mikinac qui ont, ainsi que le père, déclaré ne savoir signer.

T. Cooke, Ptre.

Enfin, quelques mois plus tard, ce même Pierre meurt aux Trois-Rivières, et son acte mortuaire se lit comme suit :

«  Le vingt-quatre août mil huit cent trente-sept, je curé soussigné ai inhumé dans le cimetière de cette paroisse le corps de Pierre Manaïgonse, décédé depuis deux jours, âgé de vingt-quatre ans, époux de Marie-Louise Ananwawit de cette paroisse. Furent présents à la sépulture Léandre Cadieux et François Lachance qui ont déclaré ne savoir signer.

T. Cooke, Ptre.

Maintenant, n’allez pas me demander si c’est Dominique ou si c’est Pierre qui a donné son nom au rapide, car je serai obligé de vous répondre que je n’en sais rien, et que je ne connais personne qui puisse aujourd’hui nous renseigner sur ce point.

Pendant que nous vous parlons ainsi du Manigonse, notre marche ne se ralentit pas. Nous traversons le fleuve pour trouver un chenal plus propice à notre barge, et nos braves canotiers remontent hardiment ce grand rapide, le plus considérable qu’il y ait entre les Piles et la Tuque.

Ici qu’on nous permette de décrire une jolie scène de la vie des habitants du Haut Saint-Maurice. Parmi les canots qui nous suivaient, il y en avait un chargé d’une famille complète. L’homme était à l’avant et poussait le canot à la perche, la femme était à