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retentissent : c’est une barge de la Rivière-aux-Rats qui vient audevant de nous, chargée de monde, et qui se met à notre suite pour nous faire escorte.

Nous étions trente-six personnes dans notre chaland, mais chez M. Ovide Dontigny six personnes montent avec nous, nous sommes donc maintenant quarante-deux.

Pendant notre voyage il y a chant de cantiques et d’hymnes sacrés, récitation du chapelet, etc. Et comme les chants profanes ne sont pas défendus, surtout quand on a le cœur bien en joie, notre servant de messe se permet de chanter

Allouette
Jolie gentillette,
Allouette, je te plumerai.

Il lui plume jusqu’aux griffes, ce qui est considéré comme une opération difficile.

Bien d’autres chants retentirent, entremêlés parfois de quelques airs d’accordéon ; mais selon une règle invariable, tout dut se terminer par l’Ave Maris stella.

Nous arrivons à la Rivière-aux-Rats vers six heures du soir, Il y a ici une jolie chapelle élevée par les soins de M. l’abbé Moïse Proulx, en 1869, au moyen de contributions recueillies dans les chantiers, et d’un peu d’argent reçu de la Propagation de la Foi. M. Ovide Dontigny en fut le constructeur. Elle nous a paru un peu plus grande que celle de la Grande-Anse (bâtie en 1873), et de plus elle est surmontée d’un clocher ; mais hélas ! la cloche est encore absente. Quand donc entendra-t-on, le long du haut Saint-Maurice, cette voix sainte de la cloche qui chante, trois fois le jour, les louanges de Jésus et de Marie ? En attendant, on voit dans la chapelle trois statues magnifiques : celle du Sacré-Cœur, audessus de l’autel, celle de la S. Vierge, du côté de l’Épitre, et celle de S. Joseph, du côté de l’Évangile.

Nous nous dirigeons donc vers la chapelle, et la mission s’ouvre avec une grande solennité. C’est ici que nous avons l’assistance la plus nombreuse, parce qu’il nous est venu un bon nombre de personnes des