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vent qu’à la banlieue des Trois-Rivières ou à la Rivière-du-Loup.

Monseigneur va d’abord visiter la ferme de M. Hall, près de laquelle nous avions débarqué. Il y a ici plusieurs hommes d’employés, il y en à moins, cependant, qu’à la ferme de la Rivière-aux-Rats. M. Dicky est le contremaître de cette équipe. Dès que Monseigneur est entré dans la maison, par politesse, on la remplit de fumée ; autrement les maringouins n’auraient pas permis de faire la conversation. Vous voyez que la politesse est une chose bien relative. Au milieu donc d’un nuage de fumée, Monseigneur s’entretient familièrement avec les hommes, et il les quitte absolument satisfaits.

Nous prenons ensuite les canots d’écorce, et nous remontons un peu le Saint-Maurice, pour nous rendre chez M. Boucher.

Ce monsieur est un Métis intelligent et bon chrétien ; par ses ancêtres français, il est de la même famille que le seigneur Boucher de Maskinongé. Il a épousé une sauvage, et il garde un goût prononcé pour la chasse ; mais il est cultivateur par raison. Il a une jolie maison en bois, extérieurement lambrissée en déclin. Quant à la terre qu’il possède, il nous semble qu’un homme qui a une propriété comme celle-là est déjà arrivé à la richesse.

Madame Boucher a plusieurs enfants, et nous avons vu le plus jeune sur un de ces berceaux dont nous avons déjà donné la description.

Elle a tous les traits du type sauvage, parle bon français, mais paraît vouloir toujours laisser la parole à son mari.

De retour à la ferme de M. Hall, nous nous organisons pour remonter la Croche. Je me trouve dans le même canot que Monseigneur, M. Prince reste dans celui de M. Brûlé, et M. Gravel monte dans le troisième canot, et emmène avec lui nos effets de chapelle. Trois hommes partent à pied, de leur nombre est notre compagnon Nestor Desilets. Ils vont suivre un sentier qui leur fera éviter les sinuosités de la rivière,