Page:Caron - Deux voyages sur le Saint-Maurice, 1889.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

EN RETOURNANT

Nous faisons nos adieux à la famille Larue, et nous trouvons au rivage trois canots d’écorce qui nous attendent.

Nous voilà de nouveau sur la Rivière-Croche, mais aujourd’hui nous descendons le courant, ça va deux fois moins mal. M. J. B. Boucher gouverne l’un des canots, tandis qu’un petit garçon conduit son cheval par le sentier dont nous avons déjà parlé. Nous descendons la rivière Croche en assez peu de temps, et puis, sans arrêter, nous nous élançons sur les flots du Saint-Maurice. Nous entendons bientôt les mugissements de la chute, mais nous sommes à une assez bonne distance pour qu’il n’y ait pas de danger. Cela nous rappelle, cependant, que dans le temps des crues un cheval a sauté les trois cascades, et s’est rendu en bas avec sa pleine connaissance et sans une égratignure. Lord Byron, pour se rendre célèbre, essaya de traverser le Bosphore à la nage ; notre cheval a fait une action incomparablement plus éclatante, il est donc raisonnable de léguer son nom à la postérité. Eh bien ! il s’appelait d’abord Charly, mais après son mirobolant exploit, on l’appela simplement « La Tuque. » Sur ses vieux jours il perdit ses dents, sans perdre sa force extraordinaire ; comme il ne pouvait plus manger, son propriétaire résolut de le fusiller, pour lui rendre service. Mais avant d’en venir là, on fit une gageure singulière : on gagea que ce cheval rendu monterait douze quarts de farine dans une côte appelée la côte à