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planes, mais ces terres sont peu nombreuses relativement à la grandeur du territoire, et la colonisation ne s’est pas encore aventurée jusque là. Voilà le Saint-Maurice tel que nous l’avons trouvé.

« S’imaginer, dit un auteur de nos amis, qu’il y a moyen de créer dans le territoire du Saint-Maurice une série d’établissements agricoles du genre des anciennes paroisses qui bordent le fleuve (Saint Laurent), serait une pure utopie. Les endroits colonisables qu’il possède, n’offrent ni l’étendue, ni les facilités des terrains unis de la plaine ; ils se trouvent disséminés par-ci par-là à travers les chaînes de montagnes, les lacs et les rivières et souvent à d’assez grandes distances. » Voilà qui s’accorde bien avec ce que nous venons de vous dire.

Cependant l’auteur que nous citons voit un bel avenir pour les territoires du Saint-Maurice dans le développement de l’industrie, et il pense que l’industrie s’y développera quand nous aurons des moyens de communications faciles. L’agriculture toute seule n’y peut rien faire de bien important, mais si l’industrie vient s’unir à l’agriculture, ces deux forces vives pourront produire des merveilles.

« Du moment, continue-t-il, que, laissant les vallées généralement étroites des rivières, vous atteignez le sommet des élévations que d’en bas vous aviez pris pour des montagnes d’une certaine hauteur, vous avez devant vous de vastes plateaux offrant un sol uni, richement boisé et sans autre accident que les tranchées formées de distance en distance par des pièces d’eau enchâssées de verdure. Il y a bien ça et là quelques cimes qui émergent de ces vastes plaines, mais non pas en nombre suffisant pour justifier l’idée qu’on aurait pu d’abord se former du caractère montagneux du pays. Cette immense contrée coupée en tout sens de rivières et de lacs magnifiques, possédant les plus riches pouvoirs d’eau du monde, couverte de forêts de pin, d’épinette, de liards alternant avec de riches zones de bois francs, offrant en quantité illimitée le minerai de fer de la meilleure qualité, sans compter les carrières de marbre, de gra-