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Mais tandis que nos amis s’amusent si bien, voulez-vous que nous vous donnions une idée générale des territoires du Saint-Maurice, que nous connaissons maintenant ? Promettez-moi seulement de ne pas dormir pendant que je vous parlerai.

Le Saint-Maurice est un fleuve très puissant, qui coule à travers une masse de montagnes. Ces montagnes ne sont pas des plus hautes, car un arpenteur qui a pris des mesures lui-même, nous assure qu’il n’y en a pas qui dépassent mille pieds, mais elles n’ont jamais rien de monotone. Tantôt elles sont abruptes et baignent leur pied dans le fleuve, tantôt elles sont à pente douce et couverte d’une belle végétation. Ici elles prennent la forme d’un demi-cercle, là elles ont l’apparence d’un mamelon. Les incendies ont mis à nu les roches de plusieurs pics, d’autres sont couverts de grands arbres. Quelques montagnes sont couvertes de troncs noircis et dépouillés, quelques autres prennent une apparence de jeunesse sous la nouvelle végétation qui les recouvre.

Des rivières assez considérables et des criques nombreuses coupent ces montagnes, et ajoutent encore à la variété du panorama.

Mais vous vous écriez : Parlez-nous des habitations ; vous ne parlez que de montagnes ! Les terres, où donc les placez-vous ? — Eh bien ! voici : De temps en temps les montagnes s’éloignent du Saint-Maurice, en laissant une bande de terre de 15, 20, 30 arpents, ou un peu plus ; c’est sur ces terrains d’alluvion que sont les habitations actuelles. Quelquefois il n’y a de place que pour un seul habitant, qui se trouve séparé de ses voisins par de hautes montagnes. D’autres fois il y a place pour deux ou trois ; plus rarement, une dizaine d’habitants ont pu se mettre ensemble au pied d’un rocher plus indulgent. Ajoutons, pour être bien véridique, que le groupe de la paroisse des Piles est plus considérable. La seule voie de communication de tous ces cultivateurs, c’est le Saint-Maurice.

Parfois, à la hauteur des rochers qui bordent la rivière, on trouve de belles terres, bien fertiles et bien