Aller au contenu

Page:Caron - Journal de l’expédition du chevalier de Troyes à la baie d’Hudson, en 1686.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 35 —

nostre camp, et le lendemain deuxiesme, que nous fumes encore obligez de séjourner a cause d’un gros vent d’ouest, qui dura toute la journée. Le matin comme on commençoit la messe le feu prist a un baril de poudre de 50 l. qui ne blessa personne ; les eaux grossirent de plus de trois pieds.

Le troisiesme, je décampé de bon matin pour suivre ma route et les sauvages suivre la leur, droit au Montreal (419 bis). Je laissé le sr. d’hyberville pour attendre le nommé Lamiot qui ne s’estoit point rendu au camp quoique j’y eusse séjourné. Ma suite m’a fait connoistre qu’il m’avoit déserté avec trois hommes qu’il avoit dans son canot m’emportant un baril de poudre, un sac à balles avec les picqs, pioches et tous les vivres dont il estoit chargé. Je fus camper ce jour-la a une pointe de sable[1] qui est a une lieue du grand portage des allumettes, et les chasseurs que je faisois ordinairement marcher devant, tuerent un jeune orignal, mais un vent qui s’estoit élevé força d’attendre pour calmer (afin) de traverser une baye qui peut avoir trois quarts de lieux de large.

Le quatriesme may, nous levâme le picquet de très bonne heure, et arrivame au soleil levant au portage des grandes allumettes, distingué des petites a cause d’une isle, dont le chenal du sud s’appelle les grandes allumettes, parce que le chenal est plus long, mais aussi plus aisé a monter. Celuy du nord porte le nom des petites probablement parce qu’il est plus cour. L’on trouve dans le chenal, au droit

  1. À peu près vers le milieu du lac inférieur des Allumettes.