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CONCLUSION.

avec quelle précision furent toujours rédigés les contrats que la ville imposait aux entrepreneurs de travaux publics. Tout au plus pourrait-on prétendre que les bourgeois se départirent de leurs principes d’économie quand ils firent décorer l’Hôtel de Ville, mais ce serait leur refuser le droit d’encourager les arts dans une ville où l’on entreprenait bien rarement des travaux artistiques.

C’est encore justice que de rappeler quels sacrifices la Communauté de Rennes fit pour l’instruction publique, combien elle se préoccupa d’assurer la subsistance des pauvres, de pourvoir aux besoins des hôpitaux, de conjurer et de combattre les épidémies.

La responsabilité des abus qu’il faut maintenant signaler dans l’administration municipale de Rennes retombe tout ensemble sur le Roi, sur le gouverneur de la ville, sur le Parlement et sur la Communauté elle-même. Ni les privilèges qui furent octroyés à Rennes ni les droits qu’on lui reconnut ne furent scrupuleusement respectés. Tantôt le Roi souffre que ses receveurs généraux contraignent les bourgeois à payer l’aide des villes dont ils sont cependant exempts ; tantôt il permet que la Chambre des Comptes se refuse à enregistrer leurs privilèges. En 1592 le Roi reconnaît à la Communauté le droit de nommer son procureur syndic, mais bientôt après il l’astreint à lui présenter une liste de trois candidats sur laquelle il choisit lui-même cet officier, substituant ainsi sa propre autorité à celle du corps municipal. En temps de guerre l’exercice des privilèges de la Communauté est en quelque sorte suspendu par le gouverneur de la ville qui frappe des taxes sur les habitants, s’attribue un pouvoir discrétionnaire et subordonne tout aux intérêts de la défense. En temps de paix un autre pouvoir supplante à l’occasion la Communauté ; c’est le Parlement. Par lui la Communauté se voit enlever la police de la ville, le droit de surveiller les marchés ou de faire des règlements sur la vente des denrées. Dans une foule de circonstances où son autorité aurait pu être invoquée,