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Page:Carré, Recherches sur l’administration municipale de Rennes.djvu/102

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CONCLUSION.

elle voit les particuliers se tourner au contraire vers les juges souverains ; le voisinage d’un Parlement fut pour le « corps de ville » une cause d’effacement et d’impuissance.

Il faut d’ailleurs reconnaître que les privilèges de Rennes n’étaient pas déterminés avec précision ; que l’édit de 1592, qui tendait à axer le recrutement de la Communauté, ne fut jamais appliqué, et que les assemblées de la Maison de Ville furent plus d’une fois de véritables foyers d’intrigue. Il est nécessaire de constater que, si le gouverneur ou le Parlement empiétaient parfois sur les attributions de la Communauté, les différents pouvoirs étaient aussi fort insuffisamment délimités dans le sein de la Communauté elle-même. On voit des procureurs syndics passer des marchés, surveiller des travaux, s’enquérir des dégradations des bâtiments municipaux, tout comme les « miseurs » ; la Communauté prend elle-même assez souvent la place des « miseurs », et nomme des commissions qu’elle charge du travail de ces officiers. Il ne paraît pas toutefois s’être produit de conflits entre les officiers municipaux. Les conflits qui troublèrent l’administration de la ville éclatèrent en dehors de la Communauté : les juges du siége présidial entreprirent de disputer au gouverneur la présidence des assemblées du « corps de ville », et il fallut que le Conseil d’État maintînt le gouverneur dans ses prérogatives. Ces mêmes juges s’obstinèrent dans la suite à réclamer, pour eux et au détriment du gouverneur, l’honneur de présider à la mise en adjudication des revenus de la ville ; le Parlement intervint et décida que les fermes seraient adjugées devant ses propres conseillers.

Malgré le peu de fixité des ordonnances et des règlements qui déterminaient son fonctionnement, en dépit des abus de pouvoir dont souvent elle était victime, la Communauté de Rennes témoigna, au temps de Henri IV, d’une réelle entente de l’administration. Elle se montra en général fort économe des « deniers communs », et l’on ne peut guère lui reprocher, au point de vue financier, que d’avoir fait un usage immodéré des