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LES MISEURS.

candidats, l’assemblée n’eut plus qu’à voter. À la pluralité des voix elle se prononça pour Jean Loret et Simon Goyer[1]. Il appartenait donc aux « miseurs » sortant de charge de désigner à la Communauté les bourgeois les plus aptes à la « miserie ». Il est probable que, durant les premières années du XVIe siècle, les assemblées municipales ne votaient que par acclamation, car un règlement de 1617 établit que leur vote se ferait dorénavant « par billets »[2]. Il est probable que certaines conditions d’éligibilité étaient imposées à ceux qui voulaient être « miseurs ». En 1622 la Communauté décida que les « miseurs » sortant de charge n’inscriraient sur leur liste de candidats aucun homme qui n’eût été trésorier en sa paroisse ou prévôt de l’hôpital Saint-Yves[3]. Si la Communauté exigeait qu’il en fût ainsi, c’est assurément parce qu’on avait tenté de faire attribuer les fonctions de « miseurs » à des incapables.

Les « miseurs » n’avaient pas de gages ; ils percevaient seulement quatre deniers par livre sur les sommes qu’ils maniaient. En 1598, la recette ayant monté à trente mille neuf cent soixante-onze livres deux sous six deniers, les « miseurs » durent toucher cinq cent seize livres[4] ; en 1605, la recette ne fut que de neuf mille six cent quarante-deux livres et par suite l’indemnité accordée aux « miseurs » tomba à cent soixante livres[5].

Aux assemblées de la Maison de Ville les « miseurs » occupaient une place à part. Comme comptables ils ne pouvaient avoir voix délibérante pendant l’année de leur exercice, de quelque qualité qu’ils fussent, et par suite il leur était interdit de s’asseoir « dans l’enclos du parquet » ; un banc leur était réservé hors de ce même parquet[6]. Une fois sortis de charge ils rentraient

  1. Archives de Rennes, 84 (1er janvier 1604).
  2. Bibliothèque de Bennes, ms. 320, fo 86.
  3. Ibid.
  4. Archives de Rennes, Compte des miseurs (1598).
  5. Ibid. (1605).
  6. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 85.