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PRIVILÈGES DU PAPEGAULT.

de royauté. Cela est si vrai que les fermiers des « impôts et billots » protestaient contre les agissements des « rois du papegault », et que Henri IV, pour qu’il ne se vendît plus de vins en franchise, leur donna le droit de payer eux-mêmes aux vainqueurs du tir les sommes qu’ils avaient gagnées[1].

On comprendra facilement combien fut impopulaire en Bretagne, et en particulier à Rennes, l’édit de Henri IV, qui réunissait au domaine les « droits du papegault de l’arc et de l’arbalète », pour ne laisser subsister que le privilège de l’arquebuse. La Communauté de Rennes fit opposition à l’édit royal[2]. Les chevaliers du « papegault » s’indignèrent. Les États supplièrent le Roi de revenir sur sa décision, soutenant que les privilèges du « papegault » avaient été établis à titre d’utilité publique et pour récompenser les villes des services qu’elles avaient rendus aux ducs et aux rois[3]. Le Parlement tergiversa, accueillant les requêtes des États et des corps municipaux, et leur donnant communication de l’édit pour qu’ils pussent fournir leurs « moyens d’opposition »[4]. Henri IV ne se déjugea pas. Il déclara aux États que les « droits du papegault » seraient « transportés aux Jésuites de la Flèche et de Rennes ». Son édit fut enfin vérifié par les juges souverains[5].

La Communauté de Rennes eût dû se montrer moins ardente à combattre la mesure fiscale du Roi, car sans la suppression des droits qu’elle essayait de maintenir, son collège n’aurait pas pu être réorganisé. Dans la dotation qui fut alors constituée aux Jésuites de Rennes, on voit figurer une rente de 3,000 livres, qui est prise sur la somme que les fermiers des « impôts et billots » payaient antérieurement aux « rois du papegault »[6].

  1. Archives de Rennes, 59 (avril 1598).
  2. Archives de la Cour, Registres secrets (25 juin 1605).
  3. Archives d’Ille-et-Vilaine, C. 2705, fo 510 (29 octobre 1606, 18 novembre 1605).
  4. Archives de la Cour, Registres secrets (26 juin et 19 juillet 1605).
  5. Archives d’Ille-et-Vilaine, C. 2705, fo 510 (8 novembre 1607).
  6. Archives de Rennes, 283 (9 octobre 1604).