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les femmes écrivains de la france

vres de ce dernier. Elles sont de sa vieillesse et ne rappellent guère son enjouement spirituel et railleur. Un simple quatrain nous donnera une plus juste idée de son esprit :

Le Grand-Prieur de Vendôme, épris des charmes de Ninon, ne cessait de la persécuter. Un jour, poussé à bout par les dédains moqueurs de la belle, il sortit furieux, laissant ces vers sur sa toilette :

Indigne de mes feux, indigne de mes larmes,
Je renonce sans peine à tes faibles appas ;
    Mon amour te prêtait des charmes,
    Ingrate, tu n’en avais pas !

Ninon lui renvoya de suite la réponse suivante, sur les mêmes rimes :

Insensible à tes feux, insensible à tes larmes,
Je te vis renoncer à mes faibles appas ;
    Mais si l’amour prête des charmes,
    Pourquoi n’en empruntais-tu pas ?

À vrai dire, cet esprit vaut bien celui de Mme  Deshoulières, qu’on appelait pourtant alors la Calliope de son siècle, comme Mlle  de Scudéry en était la Sapho. Nous avons résumé ailleurs (Histoire de la critique) la vie de Mme  Deshoulières, et nous avons rappelé son zèle pour la