Page:Carton - Histoire des femmes ecrivains de la France.djvu/142

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
130
les femmes écrivains de la france

sions. En dehors d’Homère et des anciens, rien de beau, rien de grand ne pouvait subsister, suivant elle, et leur seule imitation devait guider le goût des modernes. À ces exagérations de doctrine, elle eut le tort de joindre de grossières invectives contre son adversaire. Ce procédé, dont les formes rappelaient les violentes discussions littéraires du seizième siècle, contribua à lui aliéner bien des juges, d’autant plus que cette aigreur de langage contrastait avec la politesse spirituelle que Lamotte apporta dans cette polémique.

Cela fit dire que Mme  Dacier avait écrit et combattu en savant, et Lamotte avec les grâces et la facilité d’une femme d’esprit. Elle fut plus heureuse dans sa réponse au P. Hardouin, qui venait de publier une Apologie d’Homère, apologie qui était, aux yeux de Mme  Dacier, la plus grande injure que le poète grec eût jamais reçue. Dans ce factum, en effet, le P. Hardouin rendait l’Iliade ridicule par ses explications paradoxales. Mme  Dacier eut beau jeu contre lui et obtint une victoire facile par son Homère défendu contre l’apologie du R. P. Hardouin.