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siècle de louis xiv

On a reproché, non sans raison, à Mme  Dacier d’avoir porté jusqu’au fanatisme le respect dû aux anciens, mais ce respect, qui d’ailleurs a son côté estimable, ne peut altérer en rien la reconnaissance à laquelle ses travaux lui donnent droit. Sans doute on a fait beaucoup mieux depuis, mais elle n’en a pas moins la gloire d’avoir, une des premières, ouvert et exploité cette mine si riche et si féconde des trésors de l’antiquité. Elle a pu s’oublier parfois et mettre trop de chaleur dans la défense de son poète favori ; c’est un excès de zèle qu’on lui pardonne volontiers, surtout si l’on songe à sa douceur, à sa modestie habituelle qui rendaient son commerce agréable, bien qu’elle n’eût pas tous les agréments d’une femme du monde. On ne peut condamner la sincère bonne foi d’une femme qui écrit dans la préface de ses traductions d’Homère : « Avec toute l’application que j’ai apportée à bien entendre ce grand poète, je suis bien persuadée que je n’ai pas laissé d’y faire des fautes. Les bonnes choses se font avec beaucoup de travail et de peine, et les fautes se commettent très facilement. » Puis, elle demande en grâce qu’on fasse