« Voilà, dit Sainte-Beuve, l’éternelle note qui commence, elle ne cessera plus. Aimer, c’est là son lot. Phèdre, Sapho, ni Didon ne l’eurent jamais plus entier ni plus fatal… Sa vie se passe à aimer, à haïr, à défaillir, à renaître, à mourir, c’est-à-dire à aimer toujours… Le mérite inappréciable des lettres de Mlle de Lespinasse, c’est qu’on n’y trouve point ce qu’on trouve dans les livres, ni dans les romans ; on y a le drame pur au naturel, tel qu’il se révèle çà et là chez quelques êtres doués : la surface de la vie tout à coup se déchire et on lit à nu. Il est impossible de rencontrer de tels êtres, victimes d’une passion sacrée et capables d’une douleur si généreuse, sans éprouver un sentiment de respect et d’admiration, au milieu de la profonde pitié qu’ils inspirent. »
Comme Mlle de Lespinasse, Mme Doublet de Persan eut son salon où elle réunissait, tous les samedis, des hommes marquants dans les sciences, les arts et les lettres. Qu’il nous suffise de nommer, parmi les principaux habitués de ces réunions : Sainte-Palaye, Mairan, Piron, Mi-