Peu d’écrivains, surtout parmi les femmes, ont été aussi féconds que Mme de Genlis. Elle tenta presque tous les genres, sans réussir à s’élever au-dessus du médiocre. Il est vrai qu’elle avait reçu l’éducation la plus étrange, la plus frivole qu’on puisse concevoir.
À l’âge de six ans, elle était reçue chanoinesse du Chapitre d’Alix, près de Lyon, avec le titre de comtesse de Bourbon-Lancy, qu’elle porta jusqu’à son mariage. Elle passa des années vêtue en Amour, avec un carquois et des ailes. « J’avais, — dit-elle dans ses Mémoires, — mon habit d’Amour pour les jours ouvriers et mon habit d’Amour des dimanches. Ce jour-là, seulement pour aller à l’église, on ne me mettait pas d’ailes et l’on jetait sur moi une espèce de mante de taffetas couleur de capucine. » Quand elle quitta son costume d’Amour, ce fut pour prendre l’habit de garçon qu’elle garda aussi plusieurs années.
À douze ans, elle savait à peine lire et former une lettre, mais elle connaissait la Clélie de Mlle de Scudéry et le théâtre de Mlle Barbier, elle composait déjà des Romans et des Comédies