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xviiie siècle

de cinquante louis pour pouvoir sortir de France et dérober sa tête aux bourreaux. Mme Cottin rassembla à la hâte les feuilles éparses qu’elle venait d’écrire, les vendit de suite à un libraire pour en remettre le prix à son ami. Ainsi le premier pas que fit Mme Cottin dans la carrière des Lettres fut marqué par une bonne action, et aussi par un bon ouvrage. Elle garda le plus profond secret sur l’une et sur l’autre.

Le roman de Claire d’Albe trouva dans le monde un grand nombre de partisans, mais il eut aussi quelques censeurs. Mme Cottin écoutait les critiques, les éloges, avec la même indifférence. Plus tard, quand elle fut connue du public, elle regretta ce temps où elle s’entendait louer ou juger avec franchise et sans ménagement.

Elle n’avait que vingt-cinq ans quand parut Claire d’Albe (1798), et comme elle mourut à trente-quatre ans, elle ne put produire que peu d’ouvrages, dont il nous suffira d’indiquer les titres : Malvina, — Amélie Mansfield, — Mathilde, — et enfin Élisabeth ou les Exilés de Sibérie.

Mme Cottin trouva, sinon une rivale, du moins une adversaire acharnée dans Mme de Genlis.