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les femmes écrivains de la france

Dans les temps troublés de la Révolution, les salons littéraires, où règnent les femmes, disparaissent pour faire place aux salons politiques. Une femme pourtant, née dans la bourgeoisie, se distingue alors entre toutes par l’élévation de son talent et la force de son caractère. C’est Mme Roland, qui fut, plus que son mari, le ministre de la Gironde. Ce sera presque la même chose sous l’Empire, où la politique étouffe la littérature et réduit au silence toutes les voix qui cherchent d’autres accents que les louanges du héros triomphant.

« Vers le milieu du dix-huitième siècle, un artiste, assez obscur aujourd’hui, mais alors assez célèbre, Gratien Philipon, graveur et peintre, qui avait plus de cœur que de tête, épousa une jeune femme douce et belle, Marguerite Bimont. De ce mariage sept enfants naquirent ; ils périrent tous en bas âge, excepté une fille, Manon-Jeanne, qui était venue au monde en 1754. Cette paisible famille vécut longtemps à Paris, dans la Cité, d’une vie moitié bourgeoise, moitié artiste. Marguerite idolâtrait son unique enfant. À quatre ans,