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xviiie siècle

sans jamais l’avoir sérieusement appris, — dit-elle, — Manon savait lire. Dès lors, un besoin immense d’apprendre qui germait en elle se développa et dépassa merveilleusement les limites de son âge. »

Cette enfant, que M. Lacretelle, de l’Académie française, nous présente ainsi, tiendra toutes ses promesses. Elle s’appellera Mme Roland.

L’ardeur de s’instruire la dominait tellement qu’ayant découvert une cachette où l’un des élèves de son père mettait ses livres, elle allait les lui prendre pour les lire à la dérobée. Ce fut ainsi qu’elle lut le Plutarque de Dacier. Elle se passionna pour ce livre, au point de l’emporter à l’église : elle avait alors neuf ans.

« C’est de ce moment, — dit-elle dans ses Mémoires, — que datent les impressions et les idées qui me rendaient républicaine sans que je songeasse à le devenir. »

Dans les élans de son jeune cœur, elle se transportait dans cette admirable antiquité que le génie de l’historien grec faisait revivre sous ses yeux, et elle pleurait de ne pas être née Spartiate ou Romaine.