et par la vivacité émue du style. Elle se peint elle-même au milieu de cette mêlée ardente d’intérêts et de sentiments passionnés, dans sa vie intime qui touche au roman, et dans sa vie publique qui est un chapitre d’histoire. Portée par goût et par habitude à réfléchir sur elle-même et à observer les autres, elle se rend compte de tous ses mouvements intérieurs, et peint les hommes sur les impressions qu’ils excitent en elle. Les portraits qu’elle trace des révolutionnaires de son temps sont d’un coloris vif et d’un effet pittoresque. On est confondu qu’elle ait tant écrit en si peu de temps, et encore une partie de ses Mémoires a-t-elle été perdue.
« Nous nous arrêterons ici : Nous n’aurons pas le courage de suivre sur les degrés hideux de l’échafaud révolutionnaire une femme belle encore, pleine de toutes les vertus du cœur. Le jour de son exécution, elle mit une robe blanche, sur laquelle retombèrent les anneaux de ses beaux cheveux noirs. Elle salua en passant la statue de la Liberté, en s’écriant tout haut : — Ô Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! — Ceux qui virent pour la dernière