Page:Carton - Histoire des femmes ecrivains de la France.djvu/221

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
205
xixe siècle

du livre de l’Allemagne, de faire comprendre pour la première fois à la France une littérature, un art, une philosophie, un caractère national, que nous avait rendus inaccessibles jusque-là, non pas précisément, comme on se plaît à le dire, la barrière du Rhin, mais la différence profonde des langues, de l’histoire et du génie des deux peuples. L’Allemagne qu’elle nous présentait, c’était celle de Weimar, cette Athènes germanique, c’est-à-dire l’Allemagne de Gœthe, de Schiller, de Wieland, de Tieck, etc., que Mme  de Staël avait personnellement connus, celle de tous les écrivains qui, depuis Klopstock, avaient travaillé à s’affranchir de l’imitation et de la contrefaçon étrangères. Guillaume Schlegel, son ami et le précepteur de ses enfants, avait sans doute contribué à initier l’auteur à la connaissance d’un monde au fond si peu français, mais rien n’autorise à lui faire l’honneur d’une collaboration active à une œuvre si française par l’exécution. Malgré des inexactitudes de fait et de jugement, on a pu dire que ce livre était toute une révélation. Il a gardé longtemps ce carac-