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les femmes écrivains au moyen âge

heurs. Nous avons nommé la nièce infortunée du chanoine Fulbert, la prieure d’Argenteuil et du Paraclet, la fameuse Héloïse.

On sait que, dès son enfance, elle avait reçu, soit au monastère d’Argenteuil, soit dans la maison de son oncle, toute l’éducation littéraire que l’on pouvait avoir à cette époque. On sait aussi comment Abélard, « le premier philosophe de son temps », suivant sa propre expression, se chargea de couronner un édifice si bien commencé. La grande réputation dont ils jouissaient tous deux, soit en science, soit en beauté, était déjà un trait d’union qui devait les attirer l’un vers l’autre. Ils se virent, s’aimèrent, et un commerce de lettres commença. C’était quelque chose sans doute, mais trop peu pour les désirs de leurs cœurs avides d’amour. Laissons Abélard lui-même nous faire connaître l’ingénieuse combinaison qu’il employa pour parvenir auprès d’Héloïse :

« J’employai auprès de son oncle le ministère de quelques amis pour qu’il consentît à me recevoir dans sa maison qui, d’ailleurs, était voisine de mon école. J’avais chargé ces