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les femmes écrivains de la france

amis complaisants d’exposer à Fulbert que, mes études ne me permettant pas de soigner mes affaires domestiques, je le laissais libre de fixer lui-même le prix de ma pension et de mon logement. Or, Fulbert était avare, et il attachait une grande importance à ce que sa nièce continuât à faire des progrès dans les lettres. Ces deux motifs lui firent donner à ma demande un facile consentement. J’obtins tout ce que je désirais du chanoine, entièrement préoccupé de l’amour de l’argent et de l’idée que sa nièce retirerait un grand profit de mon enseignement. Il me pressa donc instamment, et bien au delà de mes espérances, de donner les leçons de mon art à Héloïse ; et, servant ainsi lui-même mon amour, il la livra tout entière à mon autorité magistrale. Il me conjura, lorsque je serais libre de mon école, de donner tous mes soins à sa nièce pendant le jour et même pendant la nuit ; et, si je la trouvais rebelle à mes leçons, de la corriger de mes mains fortement.

« Je ne pouvais assez admirer la simplicité de Fulbert, et je fus aussi stupéfait que s’il avait