II
Voici notre cinquième jour de mer. C’est un grand repos. Melchior de Vogüé disait qu’une croisière vaut une retraite. De fait, on peut trouver à bord tous les éléments d’une excellente cure thérapeutique et même morale. Encore faut-il veiller à ne pas se laisser accaparer par des conventions et des frivolités où le snobisme prend sa large part. Le mot fameux de Palmerston : que la vie serait supportable sans ses plaisirs, est vrai de la vie en société, aussi bien sur l’eau que sur le plancher des vaches.
J’ai souvenir d’un voyage par mer accompli il y a quelque quinze ans, entre Naples et Anvers, à bord d’un steamer du « Nordeutsche Lloyd », dans des circonstances de deuil qui faisaient pour moi de cette traversée une épreuve singulièrement cruelle. À partir de l’escale de Gênes, tous les voyageurs d’importance ayant débarqué, — le