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MES VACANCES AU CONGO

dre effort. De toutes les inventions que le blanc lui a apportées, celle qu’il apprécie le plus, c’est assurément la chaise longue. Pourquoi se donnerait-il tant de peines quand il fait si bon de se prélasser dans le simple costume du père Adam, devant sa hutte sur la " rocking chair " qu’il s’est fabriquée ?

Le soleil des Tropiques est là pour mûrir, sans qu’on s’en mêle, les régimes de bananes et les racines de manioc, dont tout bon Bantou fait son ordinaire. Il a, d’ailleurs, une autre excuse : il regarde travailler sa femme. Comme dans toutes les sociétés humaines que le christianisme n’a pas épurées, la femme est, pour le noir, une sorte de bête de somme ou un instrument de plaisir. Il l’achète pour cet usage, — car c’est lui qui paye la dot aux parents de son épouse, et une des plaintes qu’il exprime aujourd’hui, c’est que l’augmentation du prix des choses, qui sévit au Congo comme ailleurs, rende dans certaines régions l’achat d’une épouse de plus en plus difficile. Ajoutez-y les polygames, qui sont de terribles accapareurs ! Travailler est une servitude, et le noir admire fort le singe qui gambade dans les palmiers aux environs du village et qui, lui, a toujours eu la malice de ne pas parler, sachant bien que s’il s’en avisait, le blanc le ferait travailler. Aux femmes toutes les besognes serviles. L’homme se réserve les métiers nobles : la guerre, la chasse, la construction des huttes. Au Ruanda, il fait davantage. C’est à lui qu’est réservé le soin de traire les vaches.

* * *

L’Européen voudrait que le noir fût plus actif, et qu’il prit sinon l’amour, du moins