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MES VACANCES AU CONGO

y est bientôt enveloppé et comme étreint par un enchevêtrement obscur de ramures et de lianes, parmi lesquelles fusent de grands troncs lisses — souvent énormes — qui élargissent autour d’eux, comme les plis raides de leurs jupes, les arêtes de leurs contreforts. Des jours, des semaines de marche… Les essences varient un peu suivant la nature du sol. Mais c’est toujours la même prodigalité ligneuse, où des armées de bûcherons pourraient tailler indéfiniment pour le chauffage, pour l’ébénisterie, pour la construction…

Et c’est à de tels phénomènes, difficiles à comprendre lorsqu’on n’est point venu ici, que l’on se rend le mieux compte de l’immensité de notre domaine colonial.

Faut-il en dire autant d’une autre substance, naguère encore très abondante dans la colonie : l’ivoire ? Il est impossible d’établir de façon précise combien d’éléphants sont annuellement abattus dans la colonie. Les statistiques provisoires de 1921, fournies par l’excellent ouvrage de M. Frans Janssen sur la situation économique de la colonie, mentionnent une quantité de 200,977 kilos seulement à l’exportation, mais il paraît avéré qu’une grande quantité de défenses passe en fraude soit dans l’Est africain, où des trafiquants hindous et arabes, de plus en plus nombreux, pratiquent volontiers le « commerce de frontière », soit dans l’Afrique équatoriale française, où la réglementation, moins sévère que chez nous (on m’assure, d’ailleurs, qu’elle sera bientôt et très heureusement modifiée), autorise aujourd’hui encore le trafic des « petites pointes ». À la sollicitude de ceux qui voudraient mieux protéger l’espèce éléphantine s’opposent les protestations des indigènes. Ceux-ci accusent ces intéressants pachydermes de sacca-