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mes vacances au congo

ger abominablement leurs pauvres cultures de manioc ou de patates douces. On croirait entendre les doléances de nos paysans à propos des dégâts de lapins. Avertis par le gong des villages voisins du passage d’un blanc auquel ils supposent quelque crédit, des chefs indigènes, — dont quelques-uns sont merveilleusement parés d’une couronne de grandes plumes, de beaux colliers de dents de léopard, et même, m’a-t-il semblé, de quelques dents humaines, — viennent, d’étape en étape, solliciter le « Boula-Matari » de les autoriser à s’armer de fusils de chasse pour délivrer leurs administrés de cette terrible engeance probyscidienne… J’ai renoncé, je l’avoue, à l’espoir de leur faire comprendre les raisons de haut intérêt scientifique qui ne permettent pas de les satisfaire.

* * *

À voir les jardins d’essais de l’État à Eala, qui forment, un peu en amont de Coquilhat-ville, une promenade vraiment édénique, et surtout le fameux jardin botanique, créé et développé depuis quelque vingt ans par le Frère Gillet, à Kisantu, on s’étonne et on déplore que des cultures spéciales, plus riches, sinon plus utiles que celles aujourd’hui pratiquées dans la colonie, n’aient pas encore tenté davantage l’esprit d’initiative de nos planteurs : le ricin, le thé, le sésame, le poivre, la vanille, la cannelle, la girofle, la muscade et tant d’autres plantes médicinales, tinctoriales ou à parfums. On en peut dire autant du commerce de la cire et de la soie. N’y a-t-il pas, dans l’une ou l’autre de ces exploitations délicates, de quoi tenter les loisirs des aimables Européennes qui de plus en plus nombreuses, femmes de fonctionnaires, de médecins, d’officiers, de com-