XIII
De la frontière rhodésienne à l’embouchure du grand Fleuve, quel charme de découvrir une à une toutes ces jeunes cités congolaises, dont les noms sonnent depuis longtemps déjà à nos oreilles comme des noms amis. À nous rapprocher de chacune d’elles, l’imagination cherche à leur donner une figure. Et puis apparaît la réalité. Et c’est tout autre chose. Rarement une déception, parfois un émerveillement, toujours une surprise. Il en est qui sont sorties d’hier des langes et dont la croissance rapide déconcerte leurs pères ou leurs parrains. Il en est d’autres qui, un jour, ont cessé de grandir et qui dégagent déjà je ne sais quels relents de disgrâce et d’abandon. Dans la vie coloniale, plus qu’ailleurs, quiconque s’arrête, recule. Quiconque recule, tombe. D’autres échappent à ce sort en faisant peau neuve et se transforment ou se déplacent.