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mes vacances au congo

roclites qui emplissent la hotte de la pauvre maman.

Inutile d’avoir observé beaucoup de ces groupes d’indigènes ou d’avoir parcouru beaucoup de leurs villages pour comprendre quelle tâche ardue s’impose ici à l’action médicale et hygiénique. L’administration y veille et se préoccupe d’y multiplier, à défaut de médecins, des agents sanitaires et des infirmiers auxiliaires. Mais ce que j’ai vu de plus efficace est assurément l’effort organisé et poursuivi par quelques missions. À Kangu, les Augustines de Roulera desservent un dispensaire et un hôpital où sont rassemblés, au nombre de deux ou trois cents, de pauvres malades que la trypanose, la tuberculose, la syphilis, le plant, l’éléphantiasis, la lèpre accablent de leurs affreux stigmates ou de leurs monstrueuses difformités. Hallucinante cour des miracles, où vont et viennent, simples et souriantes, intelligentes et bonne, toutes à leur charitable office, ces Sœurs de chez nous, qu’aucune de ces hideurs ne rebute et qui connaissent l’art de les soigner, de les calmer, de les guérir. Leurs installations matérielles sont modestes et combien insuffisantes ! N’importe. Je défie l’anticlérical le plus obstiné de demeurer insensible devant le dévouement de ces religieuses, quelques-unes jeunes et charmantes et qui exposent chaque jour leur vie pour disputer à la mort de malheureux nègres rongés par les ulcères ou déjà guettés par la clémence. Et ce dévouement-là, dites, quel est le laboratoire, si bien outillé qu’il soit, quelle est la leçon scientifique, si magistrale qu’on la suppose, qui suffiraient à en enseigner le secret ?

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