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mes vacances au congo

taines façades de pierre où saillent des grilles ouvragées et des écussons compliqués. Et dans les églises du xvie siècle, qui semblent sœurs de certaines de nos églises west-flamandes, les dévotions populaires illuminent, parmi les ex-votos, les broderies et les pierreries, d’émouvantes images du Christ et de la Vierge, — chargées de lourds vêtements. On nous montre au passage un somptueux mausolée qui s’élève au milieu d’un jardin antique et silencieux. Et l’histoire de ce monument vaudrait d’être contée par un Mérimée ou un Barbey d’Aurevilly. C’est la revanche d’une mère qui se vit refuser naguère par le clergé de l’île des funérailles religieuses pour son fils, auquel son affiliation aux sociétés secrètes avait valu l’excommunication. Puisque son cher mort était tenu pour indigne de reposer en terre bénite et au cimetière commun, la fière matrone voulut du moins apaiser par ce monument royal les tourments de son amour maternel et de son aristocratique orgueil. Elle y dépensa, dit-on, le plus clair de son bien. L’Espagne mystique et chevaleresque côtoie, d’ailleurs, ici une vie très moderne et élégante, où les résidents anglais prennent une large part. C’est surtout la vallée de l’Orotava qui les attire. Dominée par le Pic, et dominant elle-même un beau panorama maritime, elle est tapissée d’immenses cultures fruitières. Sa beauté justifie l’admiration qu’éprouvait pour elle le grand voyageur Humbold, qui la célébra avec lyrisme.

À Ténériffe le pavillon belge est depuis longtemps familier. Il le devient peu à peu à Casablanca, où nos bateaux du Congo stationnent désormais, à l’aller et au retour. Excellente initiative qui — entre autres profits, — met à la portée de nos coloniaux la leçon des merveilles que la France, sous