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mes vacances au congo

l’impulsion du maréchal Lyautey, a fait surgir au Maroc depuis dix ans. Casablanca, cité toute neuve et d’une vie intense, révèle et résume, de façon saisissante, la grande puissance agricole et commerciale qui se substitue graduellement au mystérieux Moghreb-el-Aksa. Ce vieil empire chérifien, immobile comme l’Islam, on en retrouve le décor à Marrakech, à Fez, voire à Tanger. Ici, c’est à peine si quelques teintes et reflets d’Orient se mêlent au tableau que forment les bâtiments battant neuf, les grands magasins à l’européenne et les maisons de rapport. On croirait débarquer dans un petit Marseille, où les « Teurs » seraient plus nombreux que dans le grand. Pour couper la « barre » qui rend si difficile d’accès tous les ports de la côte occidentale d’Afrique, une superbe jetée s’allonge déjà à 1,600 mètres en mer. À proximité du port, aboutissent les voies ferrées et les services d’auto-cars, dont Casablanca constitue le nœud vital. Autour de la ville, la plaine est unie et s’étend à perte de vue. D’un champ d’atterrissage, voici un avion qui s’élève dans le ciel bleu et prend le chemin d’Europe. Demain soir, il sera à Toulouse, narguant les Colonnes d’Hercule et les Pyrénées.

* * *

Nous voici maintenant presque au terme du périple entrepris.

Il y a deux heures à peine, au coup de midi, l’« Albertville » a arrêté ses machines pour s’associer à la cérémonie pieuse qui unissait, au même moment, tous les cœurs belges dans l’hommage au Soldat Inconnu. Nous stoppions à peu près à la hauteur de Nieuport, face à ce lambeau du sol sacre où, quatre années durant, la Belgique s’accrocha