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mes vacances au congo


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Les jours se suivent dans la vie quiète du bord, où un rien se transforme en événement. Parfois quelques poissons volants, parfois quelques cachalots ou quelques requins nous font cortège. Parfois une côte ou un feu est signalé à l’horizon. Dans cet air de plus en plus chaud, — nous sommes déjà sous les Tropiques, — livrée aux larges vagues de l’Atlantique, l’imagination évoque volontiers des rivages déserts où aborderait seulement, de loin et loin, sous la menace des tornades ou dans l’attemo des vents alizés, quelque brick chargé d’épices ou de bois odoriférants.

Mais voici — pour dissiper ces réminiscences de Bernardin de Saint-Pierre — une escale d’un type moins romantique, qui nous retiendra quelques heures à peine : c’est l’îlot de l’Ascension, terre volcanique perdu sous l’Équateur entre 9 degrés 50 au sud et 14 degrés 20 à l’ouest, déjà plus proche du Brésil que de la côte africaine et qui n’a d’autre population que les officiers et agents britanniques qui y desservent une station de charbon et de câbles télégraphiques. Le poste n’est pas sans valeur stratégique, et c’est ainsi qu’il figure dans la marine britannique sous le nom de « H. M. S. Ascension » et qu’il est soumis, ou peu s’en faut, aux règlements des navires de guerre sous la direction d’un lieutenant ou d’un commandant de la flotte, qui fait fonctions de gouverneur de l’île. Toutefois ce régime spécial va être modifié. L’Angleterre entend affirmer, ici comme ailleurs, sa volonté de paix et de désarmement. L’administration de l’île est à la veille d’être transférée par