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mes vacances au congo

la marine impériale au service civil des câbles, et notre navire amène le nouveau personnel qui se substituera aux officiers de l’amirauté.

L’île n’est pas grande. On en fait le tour à pied en trois ou quatre jours. Abordée par le nord-ouest, elle, dessine, sur le ciel d’un bleu d’acier, une silhouette mouvementée dominée par plusieurs cimes d’une teinte rougeâtre et violette, dont l’une affecte exactement la forme d’une pyramide. À notre droite, elle se prolonge en une plage d’un sable éclatant de blancheur, tandis qu’à notre gauche des falaises se dressent, remparts déchiquetés dans lesquels, de-ci de-là, l’océan a creusé des cavernes où s’écroulent les lourdes vagues en gerbes jaillissantes.

Peu ou point de végétation. Tout au plus de pauvres palmettes et une herbe rare, à peine suffisante pour les quelques chèvres et les quelques lapins qui forment tout le cheptel de l’île. Quant à la faune sauvage, elle est constituée surtout par d’intéressantes variétés d’oiseaux et de tortues de mer.

Les quatre-vingts Anglais dont se compose toute la population, — en y comprenant une demi-douzaine de dames, — se partagent la plage en lots de dimensions égales et chacun d’eux a droit, en vertu d’un accord traditionnellement respecté, aux œufs qui sont recueillis dans son canton. Ces bonnes fortunes sont une des rares distractions auxquelles puissent prétendre les habitants de cet îlot peu fortuné, qui manque à peu près de tout ce qui est nécessaire à la vie alimentaire et n’est ravitaillé en eau potable, en vivres et en nouvelles que par le paquebot mensuel allant de Las Palmas à Saint-Hélène et par celui qui fait la route en sens inverse.