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beaucoup plus étendus qu’aujourd’hui, et d’ailleurs assez mal déterminés. C’était une suite de la possession romaine, modifiée par l’invasion des Francs et par les premières tentatives de la féodalité. On est étonné, de nos jours, de voir la population des campagnes livrée, vendue ou donnée au même titre que le sol sur lequel elle vit et qu’elle, cultive. C’est encore une suite de la conquête. Les Romains, si fiers pourtant de leur indépendance, ne se souciaient nullement de celle des autres. L’esclavage, et, il faut en convenir, l’esclavage le plus dur et le plus dégradant, faisait chez eux partie des institutions sociales : la civilisation païenne le regardait comme nécessaire. Au viiie siècle, nos campagnes étaient toujours peuplées de gens de condition servile. Les cultivateurs faisaient partie intégrante du domaine ; mais, grâce aux influences chrétiennes, leur sort était considérablement amélioré. L’Église traitait avec douceur les hommes attachés à ses propriétés. Aussi, dans ces temps malheureux, vit-on plus d’une fois des hommes libres ne pas hésiter à sacrifier leur liberté pour être inscrits parmi les serfs des domaines ecclésiastiques.

L’abbé Ithier, sur le point de rendre le dernier soupir, eut la consolation de laisser le monastère de Cormery bâti et doté. En reconnaissance de tant de libéralités, il demanda seulement qu’on célébrât, pour le repos de son âme, un service anniversaire, un peu avant la fête de saint Pierre. Il ne l’exigea pas, cependant ; et à cette modération on reconnaît aisément l’affection paternelle d’un fondateur. « Ce service aura