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Jamais homme, peut-être, n’exerça sur une nation et sur une époque une influence plus prononcée. Quand la vieillesse commença de refroidir sa première ardeur, il voulut quitter la cour, se débarrasser du souci des affaires et se préparer à la mort. Alcuin était diacre ; malgré la dissipation trop ordinaire dans le palais des souverains, il vécut constamment selon la régularité la plus exemplaire. Un nouveau rôle allait être réservé à son zèle éclairé. L’Empereur ne voulut pas contrarier le désir de son précepteur ; mais, pour utiliser ses vertus et ses talents, il le destina à la réformation des monastères. Alcuin avait exprimé plus d’une fois le vœu de terminer sa carrière près du tombeau de saint Martin, dans les exercices de la vie monastique. La mort de l’abbé Ithier avait enlevé le dernier obstacle à l’accomplissement de cette pensée. Alcuin fut donc nommé abbé de Saint-Martin de Tours, en 796. Cet événement eut les conséquences le plus heureuses pour notre pays. Le succès dépassa toutes les espérances. La régularité ne tarda pas à refleurir dans cette illustre abbaye, et sous les arceaux paisibles du cloître s’ouvrit une école fameuse.

Ce n’est pas ici le lieu de rappeler la gloire de l’école de Saint-Martin de Tours, fréquentée par tous les beaux esprits du temps[1]. Encore moins nommerons-nous les disciples célèbres d’Alcuin ; nous ferons exception seulement en faveur de Fridegise, précepteur des princesses de la famille impériale, que nous verrons bien-

  1. Vid. Comment. Frobenii, de vita B. Albini seu Alcuini, cap. x. B. Alcuini discipuli magis celebres in schola Turonensi. Migne, Patrol. lat., t. c, col. 64.