Page:Cartulaire de Cormery.pdf/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxiii

L’année même de la fondation de cet hôpital, c’est-à-dire en 804, mourut Alcuin dans un âge avancé. Depuis quelques années il était accablé d’infirmités. En 800, Charlemagne l’avait invité à l’accompagner dans son voyage de Rome ; mais le vieillard s’était excusé à cause de sa faiblesse et du fardeau trop lourd que les années et la maladie faisaient peser sur ses épaules. Le prince, toujours plein d’affection pour son précepteur, lui reprocha par une agréable plaisanterie de préférer les toits enfumés de Tours aux palais dorés de Rome. Guillaume de Malmesbury se trompe en disant qu’Alcuin fut enseveli à Cormery[1] ; son corps fut déposé par Joseph, archevêque de Tours, dans l’église Saint-Martin, où l’on voyait encore son épitaphe en 1789[2].

Avant de mourir et en vertu d’actes dont la date est inconnue, Alcuin unit aux biens du monastère deux domaines situés dans le voisinage : Tauxigny qui dépendait de Saint-Martin, et Aubigny, Albiniacus, qui portait son nom[3].

La mort de ce grand homme causa un deuil public. Ses contemporains le comblèrent d’éloges : aucun de ses disciples , dont la plupart montèrent aux suprêmes honneurs dans l’Église et dans l’État, ne fut ingrat envers sa mémoire. Raban Maur alla plus loin que tous les autres ; il n’hésita pas à insérer son nom au martyrologe dans le catalogue des saints. Les Touran-

  1. Willelm. Malmesb. de Regibus Anglorurn, lib. i, cap. 10.
  2. R. Monsnier. Hist. rnss. de Saint-Martin, pag. 151.
  3. Alcuin, comme on sait, avait traduit son nom en latin par Albinos, et il avait adopté celui de Flaccus comme prénom littéraire.