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CHAPITRE III.

Origine de la ville de Cormery.

À peine Alcuin eut-il reçu la sépulture sous les voûtes de l’église Saint-Martin, que son disciple et son compatriote, Fridegise, prenait tranquillement possession de son héritage. La chronique de Saint-Bertin nous apprend qu’il naquit en Angleterre, qu’il fut attaché à la cour de Charlemagne, et qu’il devint grand chancelier du palais impérial. C’était, à ce qu’il paraît, un homme instruit et adroit ; il réussit à s’avancer promptement dans la carrière des honneurs. Nous devons ajouter qu’il se montra constamment digne de la faveur des princes, et qu’il sut faire un noble usage de son crédit et de sa fortune. Dès l’an 804, il fut installé comme abbé de Saint-Martin de Tours et de Saint-Paul de Cormery ; en 820, grâce à la libéralité de Louis le Débonnaire, il ajouta l’abbaye de Saint-Bertin à ses riches bénéfices. Les envieux n’avaient pas manqué de reprocher à Alcuin l’étendue immense des domaines placés sous sa main, et le nombre des serfs, qu’on portait à vingt mille, soumis à sa puissance. C’était le territoire et la population d’une province entière. Il faut en convenir, pour un moine, faisant profession de pauvreté, il y avait plus qu’un prétexte à la malveillance. La conduite de l’illustre abbé de Saint-