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lui rendre cette justice, Audacher avait un esprit libéral : en travaillant à la prospérité des moines, il ne négligea point les intérêts de la ville de Cormery. Aujourd’hui encore, après dix siècles écoulés, les marchés publics qu’il fonda, les franchises qu’il leur accorda, les droits et immunités qu’il obtint du roi, sont de vivants témoignages de sa constante sollicitude.

Au moment où il se disposait à rendre son âme à Dieu, il dut léguer avec confiance l’héritage monastique à son successeur. Jamais plus heureux augures, n’avaient présagé meilleure fortune.

Mais la faiblesse des descendants de Charlemagne avait tout compromis en France. La féodalité s’organisait fortement, et Cormery, comme tant d’autres établissements, allait en subir les funestes résultats. Après la mort d’Audacher, deux abbés, Ives et Hainion, gouvernèrent paisiblement et obscurément l’abbaye. Puis, durant une grande partie du xe siècle, ce siècle de fer, le relâchement s’introduit dans le monastère. La barbarie menace de tout dissoudre. L’ignorance est le moindre des vices qui déparent la société religieuse. Quelle fut la cause de ces graves désordres ? La violence et l’usurpation des seigneurs féodaux. Les comtes d’Anjou, avoués et patrons prétendus de l’abbaye, convoitant dès lors la possession de toute la Touraine, où ils avaient plusieurs fiefs importants, administrèrent les domaines monastiques à leur profit. Les terres de Cormery devinrent dès bénéfices laïques. Les églises